Johannesburg, Mai 2007
Mozambique, de la démilitarisation des rapports sociaux à la construction de la société civile
L’expérience de la réinsertion des anciens combattants, avec ses réussites et ses limites.
Exposé
Bref rappel du contexte au Mozambique :
En 1992, des accords de paix ont été signés entre le Gouvernement et les rebelles, venant mettre fin à 16 ans de conflits armés. Il s’en est suivi la démobilisation des ex-combattants, à savoir près de 92 000 personnes. Ce nombre étant très important, la principale question était de savoir que faire de tant de personnes sans emploi ? A cette époque, le système des Nations Unies n’était pas aussi développé en matière de consultation des Etats pour faire en sorte que l’intégration soit participative.
Beaucoup de formations ont alors été mises en place pour les anciens combattants. Nous sommes passés d’une économie de guerre à une économie de reconstruction. Nous n’avons pas eu de vraie économie pendant les 16 années de guerre, car malgré la présence de gens diplômés il n’y avait pas assez de travail.
L’une des principales préoccupations était donc de parvenir à empêcher que les anciens combattants ne repartent dans cette logique de combat tout en contribuant à la reconstruction et au développement économique du pays.
En 1995 déjà, beaucoup d’anciens combattants avaient déposé des plaintes au sujet des dispositions prises à leur égard dans les accords de paix. Il fallait donc les sensibiliser sur leurs droits et c’est dans cette optique qu’AMODEG a décidé d’établir un modèle pour leur fournir une formation en ce sens.
Il ne s’agissait pas seulement d’une question d’emploi mais aussi de la stigmatisation notamment des anciens combattants des mouvements rebelles perçus comme des assassins. En effet, quand il y a beaucoup de pauvreté la tendance est de lier la criminalité aux anciens combattants, et cette tendance ne fait qu’augmenter dès lors que ces derniers sont sans emploi. Alors qu’en réalité la criminalité provenant d’anciens combattants ne représente que 3 %.
1ère étape : aspect éducationnel des anciens combattants.
Nous nous sommes d’abord penchés sur la question de leur éducation, une éducation non violente. PROPAZ a ainsi mis sur pied un programme d’éducation pour faire du lobbying sur l’intégration des anciens combattants.
L’objectif était de leur inculquer des connaissances en matière de négociation, et de résolution des conflits.
Une sélection des anciens combattants a été réalisée selon les statistiques des Nations Unies. L’idée a été présentée dans certaines communautés et en 1996, cinq ex-combattants ont été sélectionnés dans chaque province. Le but était d’avoir des combattants des deux camps et de faire en sorte que les femmes participent au processus.
C’est ainsi que nous avons mis en place 26 formateurs provinciaux et formé des activistes dans les 25 districts dans lesquels ils travaillaient. Les formateurs devaient former les activistes de chaque district et ceux de PROPAZ devaient former les formateurs aux méthodes de gestion des conflits. Nous avons rencontré plusieurs difficultés liées à la culture, ainsi qu’à la question de la stigmatisation (facilement résolue).
2ème étape : nous avons considéré le problème de l’âge de nos activistes.
Nous avons alors décidé de rendre possible l’intégration d’autres membres plus âgés. Les leaders religieux ont l’habitude de résoudre des conflits : PROPAZ a suggéré que leur façon de faire soit systématisée selon la réalité de leur contexte. Des ateliers allant d’un jour à une semaine ont été organisés.
Les difficultés rencontrées ont notamment été que :
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Certaines communautés refusaient la présence des femmes aux réunions, pour cause de tradition rurale.
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Parfois, aucune prise de note n’était possible.
3ème étape : Résoudre les conflits.
Puis nous avons commencé à nous focaliser sur l’aspect : résolution des conflits.
L’idée derrière la formation de ce groupe était d’attirer leur attention sur les réalités du terrain afin qu’ils soient en mesure de résoudre les conflits. Le défi consistait à changer la perception de la population vis-à-vis des anciens combattants qu’elle considérait encore enclin à la violence. Or, en parvenant à résoudre les problèmes des communautés, les leaders avaient l’impression que leur rôle était reconnu et respecté. Pour remédier au problème de l’accès aux armes par la population les anciens combattants ont commencé à créer des liens avec les autorités des provinces.
PROPAZ s’est alors retrouvé impliqué dans le processus :
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De diminution du nombre d’armes illégales en circulation.
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De recouvrement des armes.
Restait encore le problème de la démobilisation des communautés.
Les contraintes rencontrées.
Comment maintenir cette catégorie de personnes que nous avions formées ? Nous devions être attentifs à ce que nous faisions. Nous avons entamé une méditation pour le développement : que faire pour que ces personnes bien formées mettent en œuvre des activités génératrices d’argent ?
Il fallait les aider à voir le processus de résolution des conflits comme un processus dynamique. Notre réseau forme aujourd’hui près de 30 000 médiateurs pour le développement. Il s’agit d’un projet pilote car ce groupe devrait pouvoir obtenir un statut formel avec le gouvernement local et avoir accès au financement par le gouvernement.
Et tel était l’objectif car nous ne voulions pas que les membres de PROPAZ dépendent exclusivement de PROPAZ.
Les leçons tirées de cette expérience.
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Nous avons remarqué que les anciens combattants pouvaient constituer un groupe très important au sein de la société alors qu’au départ la tendance était à leur marginalisation.
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Les anciens combattants sont susceptibles d’acquérir d’autres connaissances (ex : mines antipersonnel) pouvant être nuisibles.
Debates
John :
Si la criminalité provenant d’anciens combattants ne représente que 3 % du total de la criminalité, il est également important de dire que parmi les anciens combattants le taux de criminalité est tout de même assez élevé : il ne faut pas nier que c’est un problème.
Marie :
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Comment intégrer l’enfant qui revient de la guerre dans son quartier et sa propre famille ? L’enfant n’est pas forcément accepté dans sa communauté à son retour. Il faut donc éduquer la communauté à accepter cet enfant démobilisé.
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Circulation des armes. Au niveau de la société civile la question était que bien qu’il n’y ait pas d’usine de construction d’armes, beaucoup d’armes étaient en circulation, entre le Congo, le Rwanda etc… Comment faire pour intercepter ces réseaux ?
Salomao :
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S’agissant de la marginalisation des anciens combattants : le retour dans leur famille et dans leur communauté constitue un vrai problème. Il y a un réel besoin d’éducation de la communauté autour de cette question.
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Sur la question des armes. Chaque gouvernement a sa procédure. La difficulté est de parvenir à protéger ceux qui donnent des informations sur la circulation des armes ?
Notes
Défi de la réinsertion des anciens combattants après des années de conflits armés : mise en place de formations (éducation à la non-violence, connaissances en matière de négociation et de résolution des conflits, apprentissage d’un métier…). Difficultés liées à la culture et à tendance à la stigmatisation. Problème du retour des anciens combattants dans leur famille et au sein de leur communauté.