Johannesburg, Mai 2007
Swaziland, le défi de mobiliser une population enfermée dans la peur et l’extraire d’un carcan culturel paralysant.
Le défi de la paix dans un contexte autocratique.
Exposé
Les conflits ne sont pas seulement violents. Il existe différents types de conflits. Il est important de former des gens sur le concept de transformation des conflits. Nous essayons de dialoguer avec le Gouvernement et d’identifier des zones où des conflits peuvent émerger. Au Swaziland vous n’êtes pas censé mettre en cause les décisions du gouvernement. Cela serait considéré comme un manque de respect. C’est un contexte autocratique qui prévaut dans le pays.
Aujourd’hui au Swaziland, parvenir à mobiliser la population constitue un défi majeur, et ce pour deux raisons : la peur et la culture
La peur, obstacle à la mobilisation :
Le pays a connu un activisme important de 1970 jusqu’en 1973 quand la constitution de 69 a été adoptée, et qui stipulait qu’une personne pouvait être emprisonnée pendant 60 jours, voire toute la vie, sans être jugée. Un sentiment de peur s’est alors installé au sein de la nation, du fait du nombre de personnes que ces 60 jours d’emprisonnement pouvaient concerner… Beaucoup d’entre elles se sont enfuies dans d’autres pays et celles qui sont restées ont désormais peur de s’exprimer ; dorénavant, tous vivent comme des prisonniers dans leur propre pays.
La culture, obstacle à la mobilisation :
Les gens sont tellement influencés par leurs croyances culturelles qu’ils ne considèrent pas l’oppression dont ils font l’objet comme anormale. Ils n’ont jamais connu d’autres milieux culturels et pensent que leurs conditions de vie sont celles du reste du monde. Ils ignorent que d’autres personnes avant eux ont du faire face à des défis similaires et que le changement est possible. Le changement des dirigeants n’est pas l’enjeu principal au Swaziland, il s’agit de modifier l’organisation, d’abolir certaines lois existantes et qui sont injustes. Il s’agit de moderniser sans perdre les valeurs traditionnelles. Le rôle strictement spirituel de l’Eglise devrait être étendu car elle a le pouvoir de mobiliser des gens….
Une dépendance forte au régime en place :
La population n’a pas vraiment de culture politique et n’a pas fait le choix d’un idéal pour lequel elle serait prête à se battre. Quand le roi a annoncé dans son discours sur le budget qu’il allait donner 10 000 unités de la monnaie locale aux personnes âgées, les gens ont pensé que cela représentait beaucoup d’argent et ont trouvé que le roi était généreux.
Ils sont totalement dépendants du régime. En effet, la plupart des terres appartient au roi si bien que lorsqu’ils perdent ses faveurs et qu’ils sont expulsés, ils n’ont nulle part où aller. De plus ils sont si pauvres qu’il est très facile de les soudoyer : quand le roi décide d’organiser un grand banquet, il met des autocars à la disposition de la population, lui offre de la nourriture si bien que les gens oublient la politique en vigueur. Cette situation est d’autant plus catastrophique que le pouvoir en place est incapable de trouver des solutions efficaces pour le pays.
Notes
Processus de transformation des conflits efficace. Parvenir à mobiliser la population malgré deux obstacles de taille : la peur et la culture de l’opprimé. Problème des terres : dépendance économique forte de la population au régime en place. Oppression et manipulation de la population par le régime en place.