Cyril Musila, Paris, mai 2003
L’église rwandaise dans la démarche de réconciliation
Quelle est la situation de l’église après avoir été accusée à tort ou à raison de participation active au génocide ? Loin de se décourager, les communautés de base sont un lieu où on apprend à vivre la réconciliation pour un projet commun de paix.
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L’Eglise rwandaise a donné des impressions positives pour l’avenir de l’Eglise. Dans une paroisse de l’archidiocèse de Kigali, fut entreprise une sensibilisation des chrétiens au thème du synode que vivaient les diocèses du pays en 2000. Au cours de ces réunions, les participants ont été invités à réfléchir sur l’avenir de leur Eglise et de leur pays, après le cataclysme qu’avait été le génocide de 1994. Celui-ci, loin d’être nié, constitue le point de départ d’une réflexion: comment en est-on arrivé là ?
Après tout un cheminement, une femme dont le mari et les enfants ont été sauvagement assassinés par un voisin que celle-ci avait accusé du meurtre des siens et fait emprisonner, est venue à la conclusion que l’emprisonnement de cet homme ne suffisait pas à résoudre le drame qu’elle avait connu. Elle a donc décidé de pardonner, de façon active, en rendant d’abord visite à la famille de l’assassin des siens pour leur proposer une alimentation. Mais les voisins se sont d’abord méfiés: n’allait-elle pas assouvir une vengeance en empoisonnant tout le monde ? Alors, elle a rendu visite à ce prisonnier, en lui disant qu’elle accordait son pardon. Régulièrement elle lui apporta à manger. Pour cette femme, comme pour d’autres dans le même cas, il ne s’agit pas de rentrer dans une culture de l’impunité. Elle fait la part des choses : le pouvoir judiciaire a son rôle à jouer, mais sa conscience chrétienne lui demande autre chose.
Il y a également un groupe de femmes appelé « le Bon Samaritain » qui fait le tour des prisons et rencontre des heures durant les prisonniers. Elles proviennent souvent des familles qui ont souffert du génocide. Elles apportent leur pardon, mais elles demandent également que ceux qui sont coupables reconnaissent leurs fautes. Et l’on assiste à de véritables conversions.
Un prêtre qui se rend régulièrement dans une prison disait qu’il y avait rencontré l’Evangile vécu, bien plus que dans les assemblées dominicales.
Commentaire
Vécue dans le cadre évangélique, la réconciliation est pour les communautés chrétiennes rwandaises une attitude et des comportements à la base de l’avenir de toute la société. Mais elle doit se faire dans les deux sens : le pardon demandé et le pardon donné. C’est ce que révèlent ces exemples.
Notes
Sources : Périodique Dialogue, revue d’information et de réflexion