Tristan Routier, Paris, janvier 2009
La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir
Cet ouvrage, publié en mars 2008 est le fruit d’un travail collectif réalisé par deux journalistes spécialisés sur le continent Africain, Serges Michel, correspondant en Afrique de l’Ouest pour « Le Monde » et Michel Beuret chef du service étranger du magazine suisse « L’Hebdo ».
Mots clefs : Analyser des conflits du point de vue économique | Le libre échange peut-il aider à la paix ? | Développement et paix | Autorités et Gouvernements locaux | Gouvernement chinois | Réformer les rapports économiques pour préserver la paix | Afrique | Chine
Réf. : La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir de Serge Michel et Michel Beuret, Grasset, Paris 2008.
Langues : français
Type de document : Ouvrage
I. Un livre enquête
Ce travail est l’aboutissement d’une véritable enquête réalisée dans quinze pays africains, destinée à nous présenter le visage des « nouveaux colons » partis conquérir le continent. Grâce à des entretiens réalisés auprès d’expatriés chinois et d’hommes d’affaires ou politiques africains, ces deux journalistes nous dépeignent un tableau qui semble différent de l’image d’Epinal véhiculée en occident. On s’éloigne dès lors de l’image d’une Afrique considérée uniquement comme déficitaire et dépendante de l’aide humanitaire, pour découvrir un continent noir qui suscite l’intérêt des pays émergents en bouleversant l’équilibre géopolitique mondial.
II. Quelles conséquences cela a-t-il sur le continent africain ?
Il est vrai qu’en l’espace d’un demi siècle, la Chine a accompli une tâche considérable en redonnant une vrai valeur à l’Afrique tant au niveau des habitants que vis-à-vis de l’étranger. L’occident ne s’est jamais autant intéressé à l’Afrique que depuis que la Chine est partie à sa conquête. Les dirigeants africains occupent aujourd’hui une place de choix sur l’échiquier géopolitique mondial. Ils ont désormais les moyens d’assumer leurs ambitions, sans conditions et sans tutelles. La nouvelle donne économique remet fondamentalement en question les logiques et stratégies politiques régionales et internationales. Quelles conséquences cela a-t-il sur le continent africain ?
III. De nouveaux conflits
Les conflits engendrés par cette nouvelle ruée vers l’or sont nombreux. La politique chinoise en Afrique se distingue radicalement de celle de l’occident. La Chine ne prend pas en considération la situation sociale ou politique. Elle s’accommode de régimes dictatoriaux (comme la Guinée et le Zimbabwe) aux dépens des populations voire même des Etats (au profit de leurs dirigeants). En investissant sans se préoccuper des retombées politiques ou sociales, la politique Chinoise en Afrique participe à la mise en gestation de nombreux conflits de formes variées. La situation militaire au Soudan ou au Tchad ne dissuadent pas les investisseurs chinois qu’ils soient privés ou publics. Pas plus que la situation économique et sociale en Angola, au Niger et au Nigeria. Les élites dirigeantes sont confortées dans leurs positions et les profits sont accaparés au détriment des populations, victimes de misère sociale ou de violences physiques.
Commentaire
Il est rare, aujourd’hui, de lire un livre sur l’Afrique, écrit par des Européens, qui ne se contente pas de répéter des clichés, mais qui fait le pari de l’investigation patiente et pertinente. « La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir » fait partie de ces livres trop rares et très utiles. La stratégie africaine de la Chine s’inscrit dans un plan mondial. La ChinAfrique est un marché à court terme où Pékin gagne plus que l’Afrique, mais in fine l’Afrique pourrait gagner plus qu’on ne le pense. Qu’elle soit amenée à s’inscrire ou non dans le temps, elle peut s’avérer profitable pour le continent exsangue et marginal jusqu’à ce que la Chine ait assis son statut de successeur effectif des États-Unis.