Larbi Bouguerra, Paris, juillet 2007
Le secret autour de la pollution de l’eau : atteintes rénales, atrophie du cerveau et malformations congénitales
Une étude de la Banque Mondiale montre que le non – respect de l’environnement en Egypte a coûté au pays, en 1999, 5 % de son PNB. L’utilisation irrationnelle des produits chimiques et de l’énergie ainsi que la pollution et le gaspillage de l’eau sont particulièrement ciblées. La paix sociale et la paix dans le bassin du Nil sont menacées par ces comportements qui promettent des guerres de l’eau.
Mots clefs : Fleuves et paix | Exploitation durable et responsable de l'eau | Préserver la qualité de l'eau | La responsabilité des autorités politiques à l'égard de la paix | Egypte
Réf. : Iman Saleheddine, El Ahali (journal en langue arabe), le Caire, 07 mars 2007, p. 16.
Type de document : Article
En dépit des avertissements des spécialistes qui attirent l’attention sur la possibilité de guerre de l’eau car les humains n’auront pas assez d’eau à leur disposition à l’avenir pour satisfaire leurs besoins, on relève en Egypte trop de gaspillage de la ressource et la pollution continue des berges et des eaux du Nil par des déchets de toute sorte (de l’industrie, des hôtels flottants, des 120 villes qui bordent le fleuve…). Cette pollution de l’eau conduit à maints problèmes de santé qui touchent aussi bien l’homme que l’animal, les êtres aquatiques ou la plante. Face à cette pollution, la kyrielle de textes et de réglementations tant locales, nationales qu’internationales semblent sans grand effet.
Le Dr Mohammed Abdelfattah, biologiste, affirme que, pour l’OMS, un cours d’eau est pollué quand il y a altération de sa composition élémentaire ou de son état par des voies directes ou indirectes du fait des activités anthropologiques. Il en résulte que l’eau devient ainsi impropre à certaines utilisations et, du fait de l’altération de ses caractéristiques physico- chiques et biochimiques, elle devient aussi impropre à la consommation, aux usagers ménagers, industriels….
Le Dr Abdelfattah ajoute que l’eau de boisson, en Egypte, souffre d’une mauvaise gouvernance qui se répercute sur sa qualité, sur les quantités mises à la disposition des gens et qui se retrouve aussi dans les rumeurs faisant état de la privatisation de la ressource. Les pertes dans le réseau de distribution s’élèvent à 50 % soit un manque à gagner de 1,5 milliard de livres annuellement. Cette somme est perdue pour l’entretien, la qualité de l’eau, l’extension du réseau…
En Egypte, la source principale de l’eau potable est le Nil. Or, celui –ci souffre de la pollution industrielle de 34 complexes industriels situés entre le Caire et Assouan et qui rejettent des produits chimiques et des métaux lourds. De plus, le fleuve reçoit 1,7 milliard de m3 d’eaux usées non traitées et voit ses berges prises d’assaut par les constructions, ce qui influe négativement sur les écosystèmes, la biodiversité et la circulation de l’eau. Enfin, la Méditerranée est touchée par cette pollution du fleuve car ses eaux y arrivent et polluent les poissons que consomme la population.
Le Dr Abdelfattah insiste sur les retombées sanitaires graves de cette pollution : malformations congénitales, dysfonctionnement des reins, atteintes aux cellules de la reproduction, atrophie cérébrale, baisse des capacités intellectuelles…
Commentaire
Tout ce que rapporte l’éminent homme de science est connu. Mais, il faut le répéter car la pédagogie l’exige si on veut que les populations s’en rendent compte et agissent… si elles le peuvent ! Car la décision est, le plus souvent, entre les mains des politiques !
Il est vrai que les Egyptiens polluent le Nil mais, souvent la pauvreté et le dénuement sont à la base de ces comportements mais, le Dr Abdelfattah ne mentionne guère la pollution provenant d’au delà des frontières, la culture de la canne à sucre et du coton en amont fait que le fleuve charrie maintenant des pesticides, des métaux lourds et des engrais. Seuls des accords internationaux avec le Soudan, l’Ethiopie… seraient de nature à résoudre le problème et à préserver la paix dans le bassin de ce fleuve majestueux. Mais la coopération internationale est aussi souhaitée car ces pays ne sont pas très avancés industriellement et scientifiquement pour faire face aux multiples problèmes qui assaillent cette magnifique voies d’eau.