Larbi Bouguerra, Paris, avril 2007
La catastrophe de l’eau potable en Egypte
Le rapport de l’ONG « Le Centre égyptien pour le droit au logement » affirme qu’un enfant meurt toutes les huit secondes du fait de la pollution de l’eau.
Mots clefs : L'infrastructure au service de la paix | Préserver la qualité de l'eau | Egypte
Réf. : Article en arabe de Samuel Khaïri in l’hebdomadaire cairote « El Ahali » du 07 mars 2007, p.4.
Langues : arabe
Type de document : Article
Le « Centre égyptien pour le droit au logement » (CEDL) a récemment révélé, dans un rapport intitulé « La catastrophe de l’eau potable en Egypte », beaucoup de non-dits s’agissant de la conformité de l’eau potable en Egypte aux normes sanitaires. Le document rapporte que les membres de la Commission du logement et de la construction au Parlement égyptien ont reconnu qu’une proportion importante des habitants de onze gouvernorats en Egypte buvaient une eau non conforme aux spécifications sanitaires et qu’un enfant meurt en Egypte toutes les huit secondes du fait de la pollution de l’eau.
Le rapport affirme que 25 % des maladies prévalant en Egypte sont des maladies hydriques, transmises par l’eau. Ces maladies sont responsables de la mort de 10% des personnes âgées comme on leur impute entre 5 à 10 % des décès d’enfants. Ces eaux ont ramené en Egypte des affections d’un autre âge comme le choléra, la fièvre typhoïde ainsi que les maladies rénales et hépatiques que l’on rencontre maintenant à des taux inconnus ailleurs. Ces pathologies affectent l’économie nationale et provoqueraient une chute du PNB de l’ordre de 17,5 à 35 %.
Se référant aux statistiques nationales et internationales, le rapport affirme que la moitié des Egyptiens – des ruraux essentiellement - n’a pas accès à un verre d’eau propre. Les campagnes, en effet, ne bénéficient pas, dans leur écrasante majorité, d’un réseau d’évacuation d’eaux usées d’où des contaminations de l’eau de boisson avec les eaux d’égout d’autant que les stations de pompage d’eau sont mixtes dans la mesure où elles mélangent l’eau du Nil à celle des nappes phréatiques ou des puits artésiens. Le rapport souligne le mauvais rendement de ces stations et le manque d’entretien qui les caractérise. Selon ce document, la dépollution de l’eau coûte le double du prix de sa potabilisation d’où son conseil d’éviter la pollution.
Le document donne des exemples de terrain provenant de six gouvernorats dont ceux du grand Caire où les analyses bactériologiques montrent, à côté de la présence de microbes pathogènes, celle d’algues et de champignons. Ce qui menace dangereusement la santé des enfants notamment et risque de leur transmettre « la diarrhée à amibiase ». Il jette un véritable cri d’alarme quant à la qualité des traitements bactériologiques de l’eau potable dans le pays et s’inscrit vigoureusement en faux contre les affirmations gouvernementales relatives à la qualité de l’eau potable.
Commentaire
Les eaux du Nil sont, bien sûr, polluées par les rejets faits en Egypte même, mais l’agriculture des pays de l’amont charge aussi le précieux liquide de nitrates et de pesticides en particulier. Cet état des eaux du Nil « at home » peut amener les autorités égyptiennes à réclamer encore plus d’eau que ce que fixent les quotas, par les traités internationaux, surtout face à la démographie importante enregistrée dans le pays car on sait que « pour dépolluer, il faut diluer », selon l’adage des ingénieurs.
A côté de ces atroces et injustes morts d’enfant, cet état de choses menace la paix dans toute la vallée car, s’il est vrai qu’il y a beaucoup de laisser aller en Egypte, – le visiteur en route vers la pyramide à degrés de Saqqarah voit, à un jet de pierre du Caire, les ménagères laver leur vaisselle dans un canal putride et noirâtre, alors que les vaches et les buffles s’y baignent- il n’en demeure pas moins qu’une concertation internationale pour protéger l’eau du fleuve s’avère nécessaire et urgente. Pour le plus grand bénéfice de la santé de tous les habitants de la Vallée du Nil et pour le bénéfice de la paix mondiale.