Paris, November 2008
Faire face à des situations de tension pendant le déroulement du séjour d’acteurs de paix kosovars en France
La rencontre entre des acteurs de paix issus de territoires vivant des situations de conflits peut conduire à accueillir simultanément des personnes vivant le conflit de façon différente, et qui peuvent donc être en désaccord entre elles quant à leur perception respective dudit conflit.
Dans le contexte de la rencontre d’acteurs de paix, des situations de tension peuvent surgir à l’occasion des divers échanges, que ce soit pendant des temps de travail internes au groupe ou à l’occasion de rencontres avec des interlocuteurs extérieurs.
Les organisateurs peuvent donc se retrouver, de fait, dans une situation de médiation.
Il apparait dès lors indispensable de ne pas sous-estimer ces tensions pour pouvoir les aborder de front dans un contexte sécurisant pour tous.
Pour y faire face, une préparation adéquate de l’équipe organisatrice est nécessaire. Et pour éviter que ces tensions ne dégénèrent en situation conflictuelle où la communication deviendrait violente et blessante, quelques précautions sont utiles.
En voici quelques unes, non exhaustives.
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Veiller à la cohésion de l’équipe organisatrice, pour faciliter la cohérence des réactions et des attitudes des accompagnateurs face à toute situation tout au long du séjour. Les temps de débriefings quotidiens sont donc nécessaires autant pour les accompagnateurs, que pour les participants.
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Avoir réfléchi en amont du séjour aux priorités à respecter en toute circonstance : les objectifs de cette action, ou les moyens mis en place pour la réaliser ? Par exemple : faut il privilégier le confort matériel et psychologique des participants, ou le respect de l’horaire prévu pour permettre telle ou telle rencontre avec des interlocuteurs extérieurs ?
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Rester suffisamment vigilant pour déceler des tensions naissantes, quelles qu’en soient les causes et le contexte, et pouvoir les désamorcer.
Si elles surgissent pendant des temps de travail, le facilitateur pourra, dans un premier temps, rappeler les règles acceptées par tous en début de séjour lors du choix des règles de fonctionnement, pour permettre à la parole de s’exprimer et de circuler dans le respect de chacun.
Si toutefois un dérapage survient – dans les propos, les comportements, etc., et quel qu’en soit l’auteur -, une pause pourra être bienfaisante, surtout si le facilitateur, ou autre personne, peut proposer un exercice physique ou un jeu.
La reprise de la parole pourra alors s’effectuer collectivement, en commençant par l’expression des ressentis de chacun(e), et dans le respect de la parole et de l’écoute de chacun(e), jusqu’à ce que l’on sente les tensions diminuer. Ensuite seulement la discussion pourra reprendre sur le thème en cours – ou bien il pourra être préférable de le reporter à un temps de travail ultérieur, et de changer alors de thématique.
Si des tensions naissantes sont perçues en dehors des temps de travail, l’équipe accompagnante tentera de les identifier, par exemple en sollicitant un échange inter-individuel avec l’un des participants. Cet élément pour être repris de manière anonyme lors des temps de débriefings quotidiens.
A cet effet, la préparation d’une liste de jeux et exercices divers (éventuellement classés par type d’utilisation possible), s’avèrera fort utile pour pouvoir y faire appel facilement en cas de besoin. En effet, les jeux jouent très bien le rôle de médiation.