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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Lauren Dickerson, Etats-Unis, 2005

Le Costa Rica, praticien et exportateur du modèle de « la paix démocratique »

La vision de M. Arias, déclinée dans l’initiative de pacification par le politique de l’Amérique centrale, d’une Amérique latine pacifique, démocratique et prospère incorporait les principes théoriques de la théorie de « la Paix Démocratique », qui soutient l’interrelation étroite entre démocratie et paix : les deux réalités se renforcent mutuellement.

Mots clefs : La démocratie, facteur de paix | Accord de Paix | Traité d'Esquipulas | Résistance civile et pacifique à la guerre | Dialogue social pour construire la paix | Concertation politique pour la paix | Oscar Arias | Gouvernement costaricien | Citoyens costariciens pour la paix | Etablir le dialogue entre les acteurs et les partenaires de la paix | Elaborer des propositions pour la paix | Présenter des réformes pour un nouveau projet de société | Proposer un plan de paix | Mener des négociations politiques pour rechercher la paix | Signer un Accord de Paix | Etablir un Accord de Paix pour le cessez le feu | Costa-Rica | Amérique Centrale

Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le début de la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS, a commencé en Amérique latine une forte lutte anti-communiste soutenue de façon très importante par les USA. Ces derniers considéraient qu’il était nécessaire de protéger les pays latino-américains des influences communistes pour préserver la sécurité nationale américaine ainsi que celle de la communauté internationale. Les États-Unis affirmaient que l’un des points les plus faibles pour la sécurité internationale sur le continent était l’Amérique centrale : ils craignaient que si les petits pays de l’Amérique centrale n’avaient pas assez de ressources pour combattre les mouvements révolutionnaires soutenus par l’URSS et Cuba, la région ne tombe sous l’influence du communisme, voire sous son pouvoir. La preuve en était Cuba. Les États-Unis ont soutenu l’instauration de régimes autoritaires en Amérique centrale, à condition qu’ils empêchent le communisme de prendre le pouvoir, mettant en œuvre une stratégie anti-communiste faisant appel à la répression et à la violence. Ils ont aussi fourni de l’argent et des ressources militaires pour réussir ce combat. L’École des Amériques, une école dirigée par l’armée américaine, a été fondée avec le but de former les militaires latino-américaines à la doctrine de la sécurité nationale et de les entraîner dans la lutte anti-communiste par l’utilisation de moyens militaires sophistiqués ne tenant nullement compte du respect des droits de l’homme. Cette politique contradictoire consistant à travailler au nom de la paix mais au moyen de la violence favorisait l’instabilité politique régionale.

Le conflit s’installait en Amérique centrale : le Guatemala, le Salvador et le Nicaragua étaient traversés par des conflits armés alors que le Honduras et le Costa Rica subissaient les conséquences sociales, politiques et économiques des problèmes de leurs voisins.

Pendant ce conflit, la politique étrangère du Costa Rica se voulait neutre. Les valeurs longtemps enracinées dans la culture nationale, ont poussé le gouvernement costaricain à soutenir une politique de « neutralité active » qui favorisait, d’une part, la non intervention dans les affaires internes de chacun des pays en termes de soutien à l’une ou l’autre des parties en conflit et, d’autre part, la quête de la paix régionale par des moyens diplomatiques et pacifiques.

Le Nicaragua, pays voisin du Costa Rica, a beaucoup contribué à la mise en œuvre de la politique étrangère du Costa Rica. L’instabilité générale qui frappait ce petit pays avait des effets négatifs sur l’économie et la sécurité costaricaine. À la fin des années 1970, pendant le régime Somoza, les problèmes provoqués par les réfugiés nicaraguayens au Costa Rica ainsi que l’installation de campements militaires sandinistes ont obligé le Costa Rica à traiter le problème nicaraguayen. Faisant suite à la révolution sandiniste de 1979, d’autres déplacements de populations nicaraguayennes à son voisin du sud et la présence de troupes des « contras », faisaient que le conflit nicaraguayen devenait de plus en plus un problème pour le Costa Rica. À cause du conflit armé, les déplacements de réfugiés et de rebelles nicaraguayens dans le territoire costaricain étaient à l’ordre du jour. La frontière Costa Rica - Nicaragua était alors d’un intérêt stratégique pour les États-Unis dans leur lutte contre le mouvement sandiniste des années 1980 et contre toute tentative de pénétration du « communisme international » dans son arrière-cour. Les USA faisaient pression sur le gouvernement de Costa Rica afin que celui-ci prenne parti contre les sandinistes et pour la victoire militaire des contras, soutenus à l’époque par l’élite économique traditionnelle du Nicaragua et par l’administration Reagan aux États-Unis.

Malgré les pressions internationales, le Costa Rica a fait un pas très important en termes de politique étrangère : en 1983, le Président Luis Alberto Monge Alvarez a déclaré que le Costa Rica faisait l’option politique de la « neutralité active ».

Cette proclamation de neutralité active a créé un précédent pour la politique étrangère costaricaine : d’une part elle a mis en avant un agenda axé sur la résolution politique des conflits régionaux. D’autre part, le gouvernement du Costa Rica a fait preuve de beaucoup d’indépendance par rapport aux États-Unis, dont la domination économique, militaire et symbolique de la région de l’Amérique centrale, et de l’Amérique latine, était un fait.

Cependant, il n’y avait pas que les valeurs de démocratie et de paix de la société costaricienne. Le gouvernement costaricain s’intéressait à une résolution des conflits dans toute l’Amérique centrale aussi pour des raisons économiques.

Les conflits centre-américains constituaient un abîme économique : un fait démontré par sa diminution du taux de croissance du PIB entre les années 1970 et 1980 et sa régression du taux de croissance du PIB par personne entre les années 1970 et 1980. Depuis les années 1970, l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé de façon rapide et drastique. L’effondrement des économies voisines ainsi que du Marché commun de l’Amérique centrale a diminué drastiquement l’investissement étranger dans l’économie costaricaine et contribuait au manque de croissance de son économie. Voilà une autre raison, non moins importante, qui poussait le gouvernement du Costa Rica à s’investir dans la pacification de ses pays voisins.

Effectivement, c’est le Costa Rica qui a amorcé le processus de paix par une initiative régionale de pacification par la voie politique, donnant naissance au « processus Esquipulas ». Entamée par le Président Oscar Arias Sanchez du Costa Rica immédiatement après son arrivée à la Présidence du Costa Rica, les premières discussions impliquaient le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica dans un effort multilatéral à deux objectifs :

  • Premièrement, établir un cessez-le-feu entre les gouvernements et les groupes rebelles :

La première étape de ce processus exigeait le cessez-le-feu entre les groupes combattants pour que l’on puisse créer un environnement favorable aux négociations entre les différentes parties.

  • Deuxièmement signer des accords de paix dans une perspective de réforme des sociétés et des régimes centre-américains :

La vision de M. Arias d’une Amérique latine pacifique, démocratique et prospère incorporait les principes théoriques de la théorie de « la Paix démocratique », qui soutient l’interrelation étroite entre démocratie et paix : les deux réalités se renforcent mutuellement.

Après de multiples négociations, la signature des accords par les cinq gouvernements a eu lieu à Esquipulas, au Guatemala, le 7 août 1987. Ce jour symbolisait le commencement d’un nouvel avenir pour l’Amérique centrale. Il a marqué la mise en place d’une structure de référence (framework, guideline) pour la pacification et la démocratisation des pays latino-américains en guerre. Il est devenu aussi un point de référence pour l’engagement effectif dans l’amélioration des problèmes sociaux de la région.