Sénégal, February 2011
Le Maghreb en émeute - l’Afrique de l’Ouest instable : les mouvements de fronde peuvent-ils gagner le Sénégal ?
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Les révolutions au Maghreb ont nourri les craintes au Sénégal que les tensions puissent franchir le Sahara et infecter leur propre état. Seulement voilà, le président Abdoulaye Wade n’est pas le Tunisien Ben Ali. Et il n’est pas l’Egyptien Hosni Moubarak non plus, bien qu’il ait lui aussi largement dépassé ses 80 ans et bien qu’il voie également son fils comme son propre successeur souhaité à la Présidence de la République.
Moustapha Niasse, ancien Premier Ministre aujourd’hui dans l’opposition, craint lui aussi des émeutes. Apprenant la fuite de Ben Ali il constatait : „Ce qu’ont réussi les Tunisiens, les Sénégalais en seront également capables. »
L’angoisse de la contagion : Côte d’Ivoire, Tunisie, Egypte
Au regard de son environnement géopolitique immédiat, le Sénégal se trouve dans une situation assez délicate. Grâce aux efforts diplomatiques permanents, cette situation n’a eu jusqu’à présent que très peu d’effets directs sur le pays.
La situation en Côte d’Ivoire donne des soucis aux milieux gouvernementaux sénégalais : si la situation devait dégénérer comme au cours de la guerre civile il y a dix ans, les conséquences économiques et politiques seraient imprévisibles.
L’environnement géopolitique : le Sénégal toujours le pôle stabilisateur ?
Mais le Sénégal a absolument besoin de stabilité. Le pays est considéré comme pôle stabilisateur, comme zone tampon entre des pays à haut risque de trouble.
La Guinée-Bissau
Au sud, on trouve la Guinée-Bissau, un pays chroniquement instable. De plus, elle fonctionne comme plaque tournante principale ouest africaine du trafic de drogues entre le Brésil et l’Afrique, respectivement l’Europe. Son président et son chef d’Etat-Major ont été brutalement assassinés il ya trois ans. Depuis, les institutions pataugent sans fin.
De temps en temps, il y a des rumeurs sur des coups d’état échoués et le pays ne progresse pas non plus sur le plan économique. Le trafic de drogues et d’armes – également vers la région rebelle sénégalaise de la Casamance - domine le climat politique et social.
La population souffre toujours d’une mauvaise infrastructure, d’un taux de chômage très élevé, de mauvais moyens d’éducation. Les observateurs attribuent à la Guinée-Bissau un rôle important dans le conflit de la Casamance. Il est vrai que les séparatistes sénégalais peuvent toujours se retirer dans l’abri des forêts de la Guinée-Bissau pour se réapprovisionner en nouvelles armes et mines.
La Guinée-Conakry
Juste à côté se trouve la Guinée. Le pays sort actuellement de ses premières élections démocratiques – bien qu’elles ont été contestées.
La population a souffert pendant cinquante ans de dictature, avec une des répressions les plus cruelles et la chasse aux opposants du régime, menées par Sekou Touré. L’ancien opposant au régime, Alpha Condé, le premier Président issu d’une élection démocratique, a du mal à se faire entendre dans un pays riche en matières premières mais plein de contradictions intérieures.
Surmonter les scissions ethniques, mettre en place une nouvelle dynamique économique, enraciner la démocratie, ce sont des défis que Condé ne pourra relever que dans un environnement politique stable.
Quand il y avait des émeutes dans la région Kédougou dans le sud-est du Sénégal il y a trois ans, les réfugiés se sont évadés à travers la frontière proche de la Guinée. Et aujourd’hui, des dizaines de milliers de Guinéens vivent dans la région Kédougou et dans d’autres parties du Sénégal.
Le Mali
A l’est du Sénégal se trouve le Mali, un pays relativement stable au plan politique, mais demeurant néanmoins l’un des pays les plus pauvres de la planète et particulièrement prédisposé aux différents mouvements terroristes et aux prises d’otages facilités par ses milliers de kilomètres de frontières traversant le Sahara. Les seuls derniers mois, on a assisté à plusieurs prises d’otages au Mali. Les deux otages français tués au Niger le mois dernier auraient également dû être déportés à travers la frontière du Mali.
De plus, le Mali a régulièrement des problèmes causés par l’ethnie récalcitrante des Touareg. Malgré l’intégration des milices Touareg dans les forces armées maliennes régulières, on assiste toujours à des incidents initiés par des groupes armés des Touareg.
Des problèmes économiques graves ou l’intensification d’activités terroristes en provenance du Sahara pourraient mener vers de nouvelles agitations également ici au Mali.
La Maurétanie
La Maurétanie, pays situé au nord du Sénégal, est en train de se rétablir après la plus récente tentative de coup d’Etat. Au début du mois de février, trois voitures chargées d’explosifs sont entrées dans le pays en franchissant les frontières du Mali et du Sénégal. Selon Al Qaeda, l’attentat visait le Président démocratiquement élu, Mohamed Ould Abdel Aziz.
L’armée mauritanienne était prévenue. Malgré tout, un des véhicules a réussi à progresser jusqu’aux alentours de Nouakchott. La voiture a été placée à 300m d’une caserne où les deux passagers se sont suicidés en la faisant exploser. Plusieurs militaires ont été blessés. Le deuxième véhicule a pu s’échapper, on a réussi à arrêter le troisième. Un des passagers venait de la Guinée-Bissau où il a fréquenté une école coranique. On sait depuis longtemps que Al
Qaeda entretient des contacts avec la Guinée-Bissau, le Mali et la Guinée.
Depuis cette tentative d’attentat, le gouvernement sénégalais a renforcé le contrôle de ses frontières. Mais un contrôle effectif des frontières, longues de plus de 800 km, est impossible.
La Gambie
Le Sénégal n’est pas uniquement entouré par quatre pays relativement instables politiquement. L’enclave de la Gambie sépare le pays pratiquement en deux parties. Cette situation géographique a pour conséquence que la population de la partie sud, la Casamance, se sent coupée du reste du Sénégal.
Face à cette situation, qui vient s’ajouter à de multiples autres problèmes, un mouvement séparatiste s’est formé qui défraye la chronique depuis vingt ans avec des braquages et des assassinats.
Dans une partie de la Casamance s’est établie une véritable économie de guerre. La Gambie, pays anglophone gouverné par un „Président Marabout“ condescendant, joue un rôle important dans le conflit de la Casamance.
En plus du trafic d’armes à travers les frontières gambiennes, ce sont également les rebelles de la Casamance qui y trouvent un refuge et du soutien, surtout quand le baromètre de sympathie entre les deux Présidents est au plus bas. Tel était le cas il y a quelques semaines, quand Abdoulaye Wade reprochait au chef d’état gambien Yaya Diamé de soutenir le trafic d’armes illégal en provenance de l’Iran. Après un démenti assez tapageur suivi d’un ballet diplomatique de plusieurs semaines, les relations se sont normalisées, mais les activités des rebelles dans la région entre Ziguinchor et la Gambie ont augmenté de façon significative. Il est probable que les postes de contrôle gambiens le long de la frontière n’ont pas été trop vigilants.
Réduction des prix comme réponse au „Syndrome Ben Ali“
„Le gouvernement essaye d’épargner à Wade le syndrome Ben Ali“, titrait Le Populaire, quotidien à grande audience, au lendemain du décret annoncé par le gouvernement disposant que la liberté des prix pour quelques „aliments de base sensibles“ comme le riz, l’huile, le sucre et le lait était suspendue jusqu’à nouvel ordre. Le ministre du commerce, Amadou Niang, soulignait dans son discours télévisé après l’annonce de cette mesure que toute infraction pourrait entraîner des saisies de marchandises et des contraventions pour les commerçants.
Le gouvernement sénégalais a alors décidé de baisser les prix sur quelques aliments de base sans demander l’opinion des plus grands syndicats de commerce et d’autres acteurs. Dans le cadre de la réunion hebdomadaire du Conseil National de la consommation, le système des prix librement fixés, mis en place en 1994, a été suspendue à titre transitoire. La presse du pays, les organisations des consommateurs et les représentants du commerce ont accueilli ces mesures avec beaucoup de réserves. Le gouvernement a essayé ainsi d’anticiper un effet domino de la Révolution de Jasmin en Tunisie et des émeutes en Egypte au détriment de l’économie du pays. Différents incidents au cours des ces dernières semaines indiquent que ces soucis ne sont pas anodins.
D’un autre côté, les organisations des consommateurs jugent les réductions de prix pas assez significatives et se plaignent que les prix du gaz, de l’eau et de l’électricité n’ont pas baissé en même temps. Selon eux, le vrai problème se situe au niveau de la politique fiscale qui impose des taxes nettement trop élevées sur tous les biens de consommation et qui prive ainsi les commerçants de toute marge de bénéfice dans la fixation des prix. Les importateurs soulignent le fait que la plupart des aliments de base comme le riz, le lait et l’huile doivent être importés aux prix du marché mondial. Il serait tout simplement impossible et antiéconomique de les revendre à perte ou sans bénéfices à des prix assez élevés.
Le syndicat des importateurs de riz a refusé catégoriquement l’imposition des prix : une réduction des prix serait impossible alors que l’Etat ne leur offrait pas de subventions en échange ou de baisses des taux d’imposition sur l’importation.
Le ministre de commerce a réagi d’une manière stricte à ces critiques : à partir du 4 février, des groupements opérationnels ont contrôlé systématiquement les marchés de tous les grossistes et des commerçants de la classe moyenne et tous ceux qui s’opposaient aux prix imposés risquaient de fortes amendes.
Selon „Sud Quotidien“, les consommateurs se soucient d’une possible spéculation par les commerçants pour créer un manque artificiel et contraindre le gouvernement à une reprise de l’imposition des prix. Ce serait là encore, la population qui souffrirait le plus. Mais le gouvernement pourrait alors reprocher aux commerçants d’avoir contrecarré le projet d’une augmentation du pouvoir d’achat de la population – et serait ainsi à l’abri de toute critique possible. Un commentateur y voit un mauvais calcul. La sympathie de la population pour le gouvernement du PDS ne pourrait être achetée avec des mesures imposées.
Une dé-régularisation hésitante de l’économie
La démarche du gouvernement libéral – ressemblant plutôt à une régression – partant du schéma de l’économie de marché retournant vers l’imposition des prix abandonnée en 1994 témoigne d’une ambiance tendue dans les milieux gouvernementaux. Quand en l’an 2000, le PDS libéral sous le président Abdoulaye Wade prenait la place du gouvernement socialiste en fonction depuis quarante ans, il avait promis de poursuivre sur le chemin de la libéralisation de l’économie qu’avait déjà entamé son prédécesseur Abdou Diouf.
En effet, l’imposition des prix par l’Etat avait déjà été abandonnée en 1994. Le PDS prenait dès le départ des mesures de libéralisation modérées. Ainsi plusieurs entreprises publiques ont été privatisées ce qui menait à une situation de déséquilibre de monopole dû à un manque d’entreprises concurrentes. Le fournisseur d’électricité est redevenu publique après l’échec de leur privatisation.
La Société des Chemins de Fer (Dakar – Bamako) dorénavant fleurissante est passée d’un investisseur privé vers l’autre. Le réseau ferroviaire n’a pas été rénové ni correctement maintenu, jusqu’à ce que le transport de personnes a été abandonné après une série d’accidents. Le transport de biens se déroule si lentement que la plupart des transporteurs préfèrent prendre la route, ce qui a eu pour conséquence des embouteillages dans la péninsule de Dakar. La direction a été transférée du Sénégal au Mali. Ainsi, en raison de cette privatisation échouée, le Sénégal a perdu des centaines d’emplois et la possibilité de construire une infrastructure de trafic puissante.
Dans d’autres secteurs, la libéralisation hésitante de l’économie a pu être en partie compensée par le secteur privé fortifié. Ainsi, la privatisation de la société de télécommunication Sonatel autrefois publique avait un effet positif sur les systèmes de communication. Depuis que deux autres opérateurs ont obtenu des licences, le réseau téléphonique du Sénégal est devenu le plus efficace de toute la région. Ce sont aussi d’autres domaines de l’économie qui profitent de la libéralisation de l’économie. C’est surtout le secteur de la construction qui fleurit.
Le dilemme de la cacahuète
Mais dans le domaine de l’agriculture, la libéralisation hésitante de l’économie avait des conséquences désastreuses. Début février, le premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye déplorait, à l’occasion de l’ouverture du Salon Ouest africain de l’Agriculture à Dakar, le fait que la récolte de cacahuètes était assez insatisfaisante.
Les récoltes des paysans étaient prises par les producteurs d’huile sans être payées puisqu’ils prétendaient ne pas avoir des ressources financières. On faisait patienter les producteurs avec la promesse d’être payés après la revente des produits d’huile. Le premier ministre a qualifié ces pratiques d’inacceptables et convoqua les producteurs d’huile et les banques à une rencontre. Entretemps, les producteurs de cacahuètes attendaient toujours d’être payés.
En raison de l’obligation imposée par l’Etat aux fabriques d’huile de reprendre les récoltes et à cause de la fixation des prix des producteurs qui datent encore de l’époque socialiste, les paysans ne peuvent même pas revendre une partie de leurs récoltes à des revendeurs privés ou bien dans les pays voisins. Cette réminiscence du régime socialiste mène à une pauvreté croissante dans les régions rurales et elle a également pour conséquence un exode rural et une accentuation de l’émigration.
Ces exemples illustrent le fait que le Sénégal est encore loin d’un système économique efficient. Les va et vient du gouvernement entre le libéralisme économique et des réminiscences socialistes – résultant peut-être de la volonté de plaire aux électeurs - n’arrive pas à convaincre les acteurs économiques et les investisseurs. Une croissance économique à la traîne et un manque d’investissements sont des résultats palpables.
Un manque d’alimentation en courant provoque des émeutes
On ne veut pas présumer que l’opposition appellerait à une révolution au Sénégal. Mais il faut dire que certains paramètres sociaux indiquent le niveau d’insatisfaction de la population : au cours de quelques mois, pas moins de 105 bus de la société de transport semi-publique Dakar Dem Dik (Dakar Aller-Retour) ont été détruits. Le quotidien proche du gouvernement „Le Soleil“ publie déjà depuis des semaines deux pages de communiqués sur des coupures de courant dans les différents quartiers : l’Etat ne peut plus payer les factures de pétrole. En même temps, la capacité des centrales électriques est trop faible pour pouvoir assurer l’alimentation des grandes agglomérations comme Dakar.
Seules les capitales des régions frontalières comme Ziguinchor et Kédougou n’ont pas de problèmes de ravitaillement de courant. Premièrement, elles n’en consomment pas beaucoup et en plus, on veut à tout prix endiguer tout foyer de troubles imaginable.
Révoltes d’étudiants
Mais ce ne sont pas seulement les révoltes des citadins harcelés par les coupures de courant qui inquiètent le gouvernement, il y a également de grandes difficultés dans d’autres domaines. L’Université de Dakar est régulièrement en grève, les raisons sont diverses : une mauvaise organisation de la répartition des chambres dans les foyers d’étudiants (5 000 lits pour 60 000 étudiants), un manque de salles de classes (300 places pour 2 000 étudiants dans quelques facultés), des milliers de bacheliers qui n’ont toujours pas accès aux études. Les grèves provoquent souvent une destruction des infrastructures de l’Etat.
Les lycéens dans plusieurs villes régionales sont également régulièrement en grève : les professeurs n’organisent pas de contrôles semestriels car on leur a supprimé leur salaire pour les heures manquées l’année précédente lorsqu’ils avaient déjà fait grève. Des classes avec des effets pléthoriques, des professeurs surchargés, la qualité de l’enseignement en baisse, la politisation des syndicats de professeurs et des organes représentant les étudiants – le système éducatif du Sénégal se retrouve dans une crise profonde.
Une modification de la constitution en vue ?
Une grande partie de la population est déçue par le gouvernement Wade.
De plus, on craint que le Président Wade, âgé de 84 ans, pose à nouveau sa candidature aux élections présidentielles de l’année prochaine. Sur la base de la constitution actuelle, seulement deux mandats présidentiels sont possibles. Mais au début du mois de février, le président de la commission chargée des élections et membre du parti du gouvernement, Oumar Sarr, annonçait : {„Nous avons les lois, mais elles peuvent être
modifiées en forme de lois interprétatives par l’Assemblée Nationale, pour que Wade puisse déposer sa candidature.“}
Abdoulaye Wade 2002
Depuis le boycott des élections en 2007 par les plus grands partis de l’opposition, l’Assemblée Nationale est constituée à 75 % de membres du PDS avec un reste de partis proche du PDS, seul 6 % sont des représentants de l’opposition. Ainsi, le gouvernement a bénéficié de la majorité des deux tiers pour modifier la constitution à plusieurs reprises.
Personne ne serait étonné si l’Assemblée Nationale agissait de la même manière dans cette question. Au cours des années 2008 et 2009, l’opposition et plusieurs organisations de la société civile appelées les Assises nationales ont conduit un vaste sondage de la population concernant la situation actuelle et le futur du Sénégal. A la base de ses résultats, ils ont créé une « charte de la bonne gouvernance ». Actuellement, les responsables des Assises Nationales développent une nouvelle proposition de constitution qui base sur le concept d’une démocratie parlementaire. Cette proposition devrait être signée au cas d’une victoire de l’opposition lors des élections parlementaires en 2012. Mais il faut dire que l’opposition ne possède pas encore un candidat commun.
Une succession dynastique ?
Le parallèle fait par plusieurs analystes entre Hosni Moubarak, Oumar Bongo ou bien Eyadéma n’est pas aberrant. Le fils du chef d’Etat, Karim Wade, a perdu l’élection municipale en 2009, lorsqu’il avait déposé sa candidature pour devenir maire d’un quartier de Dakar. Alors que son père pouvait enthousiasmer la population avec son charisme au cours des premières années de son mandat, le fils technocrate est plutôt quelqu’un d’inaccessible et presque de timide. Le fait que son père l’ait nommé „superministre“ pour transport aérien, énergie et les relations vers les pays arabes et asiatiques ne l’a pas rendu plus populaire. Les représentants de l’opposition avertissent du danger d’une succession dynastique du mandat présidentiel qui pourrait devenir possible grâce à d’autres modifications de la constitution.
De nombreux représentants de la société civile manifestent leur mécontentement sur la stagnation politique, comme le faisait récemment la présidente du Mouvement Citoyen avec son slogan : „ça suffit!“. On reproche beaucoup de choses au gouvernement Wade : corruption, détournement de ressources de l’Etat pour de grands projets (comme par exemple un nouveau théâtre national construit par la Corée du Nord), la politisation des étudiants et des lycéens qui débouche souvent sur des actes de violence et une instrumentalisation politique de la religion.
Dans d’autres pays, cette situation complexe a mené à des révoltes, comme c’est actuellement le cas dans plusieurs pays arabes. Le Sénégal est jusque là considéré comme un pays politiquement stable, comme un facteur de paix dans la région. Mais on ne peut tout de même pas exclure qu’un jour, „le vase déborde“ - surtout si l’on regarde les prochaines élections. Beaucoup de gens ne sont plus contents du gouvernement Wade. Mais la faiblesse de l’opposition fait qu’il y a un manque de choix pour les électeurs.
Quand, il y a deux semaines, un employé licencié d’une usine de ciment s’était arrosé de carburant et immolé (mais il a pu être sauvé par ses collègues), les quotidiens ont titré „Est-ce que le syndrome Ben Ali a déjà gagné le Sénégal ?“ Certes, il s’est agi d’un cas unique. Généralement, les Sénégalais seraient plutôt des „lions de salon“ qui préféreraient faire des commentaires depuis leur canapé plutôt que de se mettre au premier rang d’une manifestation. Mais on ne peut pas exclure que les révolutions dans le Maghreb contaminent également le Sénégal.