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Medir la paz


POURQUOI évaluer la paix dans le monde ?

Une nécessité pour comprendre

La première explication qui vient à l’esprit c’est qu’il est nécessaire, quand un organisme vivant - être humain ou société - souffre de défaillances importantes, de diagnostiquer le mal. Le premier réflexe est de recourir à des instruments adaptés, que ce soit le plus basique, un thermomètre, ou le plus élaboré, un appareil d’imagerie médicale. C’est à partir de cette mesure initiale, de cette première image, que l’on va pouvoir ensuite, en fonction des remèdes élaborés, constater une amélioration ou une régression. Avant même de définir un protocole de soins, il est donc essentiel de définir l’état du malade. De par leur fonction informative, les indicateurs ou systèmes d’indicateurs, semblent être des outils bien adaptés pour dépeindre le monde, en général, et l’état de la paix, en particulier.

Un enjeu démocratique et social

Les indicateurs et indices sont de plus en plus présents dans la vie publique. Cette présence a été quasiment institutionnalisée, en 1992, lors de la Conférence sur l’Environnement et le Développement de Rio. L’Agenda 21, adopté au cours de cette conférence insistait sur la nécessité de disposer d’indicateurs de développement durable pour guider et évaluer les politiques en la matière.

Ce qui nous intéresse ici, c’est la question du statut des systèmes d’indicateurs, quels que soient leurs domaines d’application (paix, développement durable, développement humain, démocratie, gouvernance, etc.). Leur construction est soumise à trois exigences, parfois difficilement compatibles :

 La rigueur scientifique ;
 L’efficacité politique ;
 La légitimité démocratique.

Pour en juger, il importe d’abord d’examiner la façon dont, concrètement, de tels indices sont construits et d’étudier les bases sur lesquelles ils reposent.

Même si les systèmes d’indicateurs n’étaient que le résultat de constructions exclusivement et purement scientifiques, leur utilisation et leur interprétation n’en demeureraient pas moins des processus politiques et sociaux au sein desquels les croyances, les valeurs et les stratégies des différents acteurs joueraient un rôle prépondérant.

Le politique est donc au cœur de la construction et de l’utilisation des indicateurs. Comment faire, alors, pour assurer à la fois la fiabilité et la pertinence de l’instrument ainsi que sa légitimité démocratique ? Le processus d’élaboration des systèmes d’indicateurs se limite, le plus souvent, à la simple consultation d’organes institutionnels. Parfois, dans le meilleur des cas, ce processus s’agrémente d’un appel à une expression populaire. Est-il nécessaire d’aller plus loin et surtout est-ce possible ? Certains pensent que ce ne serait pas souhaitable en raison de la nature trop individualiste du citoyen. Pour d’autres, ce serait peut-être souhaitable mais irréaliste, parce que la problématique serait inaccessible au citoyen « lambda » qui serait bien incapable d’y contribuer utilement.

La participation la plus large possible de la population à la construction des indicateurs semble, pourtant, à la fois souhaitable et possible. Souhaitable, parce que, in fine, au-delà des organisations politiques, ce sont les citoyens qui sont directement concernés par les problèmes de paix. Possible, parce que, par les vertus de la délibération, le citoyen peut manifester un souci véritable et éclairé pour ce bien commun qu’est la paix.

Evaluer la paix dans le monde : POUR QUOI FAIRE ?

Pour agir sur les acteurs…

La dernière décennie a été le théâtre d’une très grande prolifération de systèmes d’indicateurs et de publication d’indices. Dans la version 2007 du Guide d’utilisation des indicateurs de gouvernance rédigé en collaboration par l’Union européenne et le PNUD, on en dénombre plus d’une centaine, alors qu’il n’y en avait, quatre ans auparavant, qu’une quarantaine.

La publication, en 1990, du premier rapport du PNUD sur le développement humain, a démontré que ce développement n’était pas simplement une question d’indicateurs de revenus et de bien-être mais aussi une question d’indicateurs d’éducation et de santé. Ce rapport a considérablement contribué à changer la mentalité et le comportement des acteurs et observateurs internationaux du développement humain.

… et pour que les acteurs réagissent

Cette réaction devrait, idéalement, suivre un processus relativement simple qui se résume en trois grandes étapes :

 Compréhension de la situation ;
 Recherche de solutions ;
 Mise en œuvre de ces solutions.